Textes & crédits
The enchanted House
Je voudrais crever un dimanche. Que ça les occupe, qu’ils aient enfin quelque chose à dire, à raconter, un fait nouveau.
Que le drame surgisse au beau milieu de leurs embrassades familiales gênées, empruntées.
Mon corps en travers du couloir, du chemin dans le jardin arboré.
Une spectaculaire sortie au milieu du repas dominical.
Qu’ils parlent un temps d’autre chose que du temps.
J’ai dormi.
Elle me plait et son silence m’apaise. Un premier réveil simple et indolore depuis des mois. C’est grâce à elle. C’est sûr.
Ce matin, les premières heures de douceur, l’esprit lisse, le corps refait dans la nuit, c’est elle.
Evidemment.
Au premier jour, je l’ai sentie. Je l’aime. Telle qu’elle est.
Elle ne me connait pas. Je viens, je la regarde et la respire.
Elle ne le sait pas.
Les portraits sur ma table de chevet, de moi en mariée, en mère épanouie, en grand-mère parfaite me rappellent que j’ai eu une vie. Une vie pour les autres, décidée par les autres. Cette vie s’est arrêtée je ne sais pas quand ; sans doute la dernière fois que l’on m’a prise en photo que quelqu’un a trouvé que cela avait un sens, que quelqu’un en a eu envie.
C’est seulement quand ils m’ont mise là que j’ai compris que j’étais vieille et que même les liens du sang s’étiolent.
Je ne suis plus utile. Je suis inutile. Je suis hors d’usage.
Elle ne sait pas que je suis là d’ ailleurs. Où qu’elle soit.
L’âme le charme, tout ça, c’est son affaire.
Sûrement.
Les livres et le reste, l’air chaud du ventilo, les lettres que personne n’ouvre plus.
Ma fille a posé les cadres sur la commode et ils n’ont plus bougés. Personne ne les regarde. Et moi, je pense aux autres moments, ceux qui ne sont maintenant plus qu’à moi. Qui n’ont jamais été photographiés.
Ma vie tendue vers une envie. Quand j’avais un corps. Un corps qui demandait, qui suppliait, recevait, s’éloignait, se rapprochait.
Après tout s’inverse, le corps n’est plus qu’une souffrance laide.
Je voudrais crever un dimanche.
Bien sûr elle est seule maintenant, il est parti depuis longtemps.
Il ou elle, je n’ai pas fouillé.
Peut être Elle.
Elle.
Elles ont été heureuses, des matins simples et indolores.
Evidents.
Et des jours autres aussi.
Différents.
Pleins, beaux, tristes, lumineux, déchirants, calmes, touchants et
chiants...
On me disait drôle, je voulais que l’on me trouve belle.
Mais dans des bras qui se fermaient sur moi j’ai été Françoise Fabian, Anouck Aimée. Ces chambres où danser nue vers tous ces bras, dormir nue sur les draps.
Et rentrer le soir, lire dans le fauteuil du salon en attendant Maurice.
Enfiler ma chemise de nuit sage et me glisser sous les draps sages de Maurice.
Vous tomberez amoureux de mes restes.
Mais j’aimerais savoir maintenant. Je n’avais rien demandé quand elle s’est imposée.
Maintenant je traine et je me hasarde dans ce passé. Je l’invente et me trompe à coup sûr.
Mais j’aimerais qu’ elle fût comme je l’ aime.
Vous tomberez amoureux de mes restes
Vous tomberez amoureux de mes restes
Textes : Nathalie Burel & Samuel Michel
Musique : Sam Michel
On ne joue plus
Musique : Erwan Le Moigne
Transhumance
occasionnel
discontinu
saccadé
irrégulier
instable
larvé
entrecoupé
INTERMITTENT
temporaire
épisodique
erratique
inégal
rémittent
périodique
alternatif
INTERMITTENT
anecdotique
aléatoire
sporadique
secondaire
accessoire
inhabituel
amovible
INTERMITTENT
précaire
décousu
inaccoutumé
Interrompu
variable
inconstant
modulable
INTERMITTENT
transitoire
altérable
changeant
éphémère
instable
versatile
discontinu
INTERMITTENT
parasite
marginal
jacobin
saltimbanque
interchangeable
INTERMITTENT
créatif
émouvant
sincère
essentiel
politique
troublant
INTERMITTENT
seul
peur
soumis
solidaire
attentif
triste
prisonnier
fatigué
technique
artisan
métier
intermédiaire
libre
indispensable
secourable
ouvert
passeur
transformateur
liseur
interprète
créatif
escroc
habile
nu
à nu
vrai
invisible
visible
vecteur
voleur
volé
expressif
volontaire
physique
candide
pluriel
sensible
signifiant
corporel
gestuel
insensé
foutraque
percutant
fantasque
noir
créatif
alcoolique
usé
cachetonneur
bricoleur
résonnance
reflets
liquide
Idée
acharné
régichieur
passeur
en pointillé
Musique : Numa Fernandez
Texte : Collectif de résidence l’Autre Idée/Avignon 2014
Extrait sonore : Albert Camus
Qui cache la fôret ?
Avant, il y avait un arbre
Je l’ai vu cette nuit , dans un de ces rêves qui te laisse seul,
désarmé
réel comme le matin froid qui t’accueille.
Je me balançais à la plus solide de ses branches,
indifférent,
pareil au dernier comme tu seras pareil au premier homme plus tard
seul.
Avant il y avait un arbre
un jour ça a changé on a rien dit
Boulevard des « oubliés de tous », les visages défilent,
des ex-femmes trimbalants des demis-frères croisent des intérimaires en devenir ;
sur une marche des enfants de sans-papiers arrachent des ailes de mouches ;
Madame se dépêche pour les courses.
Plus loin, la place,
un militaire en retraite garde l’oeil ouvert, au cas-où,
converse barbe et fixie parle avec cuir et coussinet,
ça négocie,
main à la poche ;
Madame se dépêche pour les courses.
Avant, il y avait un arbre mais on s’en branle
on y est pour rien, de toute façon plus là pour personne.
tous si sympas, ou juste lâches,
on se regarde en souriant , un peu béats,
on est tellement civilisés !
J’ai encore tout salopé dans des rêves obscènes,
nettoie le désastre à l’essence avant de descendre acheter des clopes.
L’homme aux yeux mous demande si j’entends aboyer le chien,
cantonné à l’errance je le croise seulement ;
on se croise et c’est bien, comme ça on se connaît pas trop,
jusqu’à s’oublier complètement.
parfois on parle pour meubler le vide,
on peut dire ce qu’on veut c’est vraiment bien
mais dénommine, cherche son sens à l’absurde et tu trébuches,
un crétin comme tout le monde alors reste poli.
Etreins le silence, serre le jusqu’à en extraire sa sève.
Je marche sans m’arrêter
errance du malade en 12 lettres
d é a m b u l a t i o n .
je ne sais plus pourquoi on s’est battu avec la réalité,
je cherche encore ce qui s’est passé.
Depuis, assis dans mon coin, je joue avec la boîte à pharmacie ;
des fois ça pique un peu mais pas trop
je reste calme et je te regarde passer ;
avachi tu suis tes propres pas
tournes en rond tu t’enfonces.
Finalement on est pareil
et je t’aime tellement je voudrais qu’on se rencontre qu’on se touche,,,
d’abord qu’on se parle,, ok,,, on est pas des bêtes mais pour se dire quoi ?
Alors ? Ca va ? Qu’est ce que tu deviens ? Ca avance ?
Le mur approche, on est tous d’accord là dessus.
Je marche sans m’arrêter
errance du malade en 12 lettres
déambulation.
Avant, il y avait un arbre.
Création : collectif de résidence L’autre Idée/Avignon 2014
Musique : Thomas Le Corre
Texte : Numa Fernandez
Ah-vignon
Pancartes qui claquent
Vent qui rend fou
Bien au théâtre
Soleil qui cloue
Orgie de spectacles
Oui je l’avoue
Parfois la débâcle
souvent pas du tout
Refrain
Avignon, Avignon…
Au sein de tes remparts, le monde tourne plus rond
Avignon, Avignon,
Des heures passées à rêver ton nom
Critiques faciles
Tracts partout
Le Off et le In,
c’est bien pour nous
Paroles sensibles
Echanges au bout
Darling, ma fille,
Tu me hantes beaucoup
T-shirts floqués
Pacalo bien frais
Pan Bagnats légers
Et rhums arrangés
Projet réalisé par Karine May (texte & chant) et Mathias Prime (Musique) dans le cadre de la résidence « L’Autre Idée à Avignon ». Juillet 2014.
3 d
Musique : Thomas Le Corre
Ah-vignon
26 juillet 2014. Minuit passé.
La femme : Pourquoi es-tu venue ici. Pour me narguer ?
L’homme : Mais non. Pourquoi ? Parce que j’ai besoin de ma rage, de mon désespoir, ô vieillesse ennemie. Quand tu auras dans ta bouche toute ma puissance, que diras-tu ?
La femme : Par devant… par derrière. Tant qu’il y aura des hommes. Car les femmes, saches le, ici, ne sont que des pétasses.
L’homme : Pourquoi ? Est-ce qu’il fait très chaud ? (Silence) Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ce silence ?
La femme : C’est le bruit de ma désobéissance. Non ! Je ne sucerais point !
L’homme : Bah alors, qu’est ce que tu attends. Un spectacle de Jean Anouilh ? Antigone ! Antigone ! Non… Ce n’est pas toi.
La femme : Si. Justement. Et je suis ton père.
L’homme : Mais tu as beau être une icone, être un mythe, qui s’occupera des enfants ?
La femme : Des enfants… Drôle d’idée. ( Elle prend la mesure du temps, sourit, place de broucker il pleut et comme partout. La nuit chevauche ses épaules. Elle pense aux étoiles. Au cinéma muet.)
L’homme : Comment peux-tu te permettre de me faire tant de mal ?
La femme : Ho… La montre…
L’homme : Le temps ne peut pas être ton échappatoire, et si ton renard vaut ton plumage, où est Molière dans ces terres ?
La femme : Perdu en mer, assoiffé par le sel et le soleil. Alors du sel, du sel, DU SEL ! Qui desséchera ton corps et te privera de ta jouissance ! Et dans la manche, tu feras moins le fier Herbert ! Herbert, mon cher Herbert, comme tu le dis toujours : HA HA HA !!
Montage : Numa Fernadez
Texte : collectif résidence Avignon
Musique : Thomas le Corre
Lecture : Thibault Le Goff, Karine May, Numa Fernandez
Le festival du bon goût
Une vrai fausse interview du directeur du festival off off d’Avignon.
Vrai fausse interview, texte : Nathalie Burel
Montage son : Samuel michel
Directeur du off off : Claude olivier
Enfermé au dedans
L’HOMME
Il est revenu dans sa chambre
ce matin. Les murs lui semblent
plus proches que la veille
De pas grand chose, juste de quelques
centimètres de moins. Il souffle
Sur sa tasse de café ;
la vapeur vient se coller sur la vitre.
De l’autre côté des volets clos
La rue qui s’anime. Il y a ce monde
qui existe. Il le sait.
Il est partout au dehors.
Rampant, visqueux et gris
Il s’immisce, cherche les failles
Partout, les journaux, la télé,
le grand internet.
Il serre sa mâchoire un peu plus fort
lui, ferme les yeux. Il n’avait pas
de forêt où aller. Alors il s’est
enfermé au dedans.
LA FEMME
Et je me suis mise à courir depuis le soir jusqu’à
perdre haleine. Pourtant nous étions,
j’en suis certaine. J’avais seulement envie
ciels azur, soleils fruits mûrs et 3 petits
en l’air. Et je voulais danser jusqu’au tournis
les pieds dans le liquide brûlant et
qui reflétait l’origine de nos mondes.
je voulais crier mon amour et ma haine et
dans nos oreilles lassées, même l’écho
même enfoui au plus profond de nous même.
Je l’avais regardé, mon beau dormeur du vit
comme le serpent que j’avais glissé dans son lit
et sûrement croquera sa veine et
bientôt ils parleront de nous, de notre amour sale sur
une toile. Reptile et carotide s’enlassaient
et une larme vermeille. Ultime caresse, je
prit le temps de me retirer dans mon rêve
changé en cauchemar et que je voudrais
enfermé au dedans.
L’HOMME
Il est revenu dans sa chambre
ce matin. Les murs lui semblent
plus proches que la veille
De pas grand chose, juste de quelques
centimètres de moins. Il souffle
Sur sa tasse de café ;
la vapeur vient se coller sur la vitre
De l’autre côté des volets clos
La rue qui s’anime. Il y a ce monde
qui existe. Il le sait.
Il est partout au dehors.
Rampant, visqueux et gris
Il s’immisce, cherche les failles
Partout, les journaux, la télé,
le grand internet.
Il serre sa mâchoire un peu plus fort
lui, ferme les yeux. Il n’avait pas
de forêt où aller. Alors il s’est
enfermé au dedans.
LA FEMME
Et je me suis mise à courir depuis le soir jusqu’à
perdre haleine. Pourtant nous étions,
j’en suis certaine. J’avais seulement envie
ciels azur, soleils fruits mûrs et 3 petits
en l’air. Et je voulais danser jusqu’au tournis
les pieds dans le liquide brûlant et
qui reflétait l’origine de nos mondes.
je voulais crier mon amour et ma haine et
dans nos oreilles lassées, même l’écho
même enfoui au plus profond de nous même.
Je l’avais regardé, mon beau dormeur du vit
comme le serpent que j’avais glissé dans son lit
et sûrement croquera sa veine et
bientôt ils parleront de nous, de notre amour sale sur
une toile. Reptile et carotide s’enlaçaient
et une larme vermeille a coulée. Ultime caresse, je
pris le temps de me retirer dans mon rêve
changé en cauchemar que je voudrais
enfermé au dedans.
Texte : Numa Fernandez